Qu’en est-il de l’équilibre alimentaire en France ?

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Toujours trop de lipides et un déficit en fibres et micronutriments

L’alimentation des français et des françaises évolue en permanence, leur mode de vie aussi… les recommandations des nutritionnistes également. Les apports nutritionnels des français sont caractérisés par une diminution des apports énergétiques, une part lipidique qui reste trop élevée, un déficit en fibres et en micronutriments apportés par les aliments végétaux.

Notre mode de vie est globalement de plus en plus sédentaire, la destructuration et la simplification des repas progressent, le stress s’accroît. Le recours à une alimentation « prête à manger » s’accentue entraînant une perte de référence culinaire. Les recommandations des nutritionnistes changent en fonction de l’évolution des connaissances concernant le lien entre alimentation et physiologie, alimentation et santé et en fonction de l’évolution des habitudes alimentaires et des modes de vie.

Cette vue reste cependant globale et des tendances différentes se dessinent, des sous-groupes et des styles alimentaires apparaissent, tantôt dans le sens d’une amélioration chez certains citadins, tantôt dans le sens d’une aggravation de certaines pratiques pour d’autres (milieux défavorisés notamment).

Une nouvelle place pour la nutraceutique dans le P.A.F. (Paysage Alimentaire Français)

Gélules de nutraceutiques
Gélules de nutraceutiques

Bien pour la plupart des personnes, les contraintes précédentes entretiennent un écart entre « l’idéal » et la réalité de la pratique. La nutraceutique a une place qui se dessine progressivement dans le P.A.F. grâce à des données nouvelles qui sont de 2 types.

D’une part, plusieurs études françaises et étrangères indiquent très clairement que les consommateurs de nutraceutiques ont à la base des apports nutritionnels qui peuvent être meilleurs que les non-consommateurs et que leurs apports nutritionnels finaux sont souvent nettement plus élevés.
D’autre part, des études épidémiologiques récentes ont montré que la consommation de nutraceutiques à dose nutritionnelle est associée à une diminution du risque d’infarctus (étude SHEEP), ou entraîne une diminution du risque de cancers chez les hommes (étude SU.VI.MAX).

L’étude épidémiologique SHEEP

Il s’agit d’une étude cas-témoins de près de 3 000 suédois âgés de 45 à 70 ans (2 053 hommes, 928 femmes). 1 296 sujets ayant fait un infarctus non fatal ont été comparés à 1 685 sujets témoins appariés pour l’âge, le sexe, le lieu.

  • Parmi les témoins, 57% des femmes et 35% des hommes utilisent des nutraceutiques, tandis qu’ils sont 42% des femmes et 27% des hommes parmi les sujets ayant fait un infarctus.
  • Après ajustement pour les facteurs de risque cardiovasculaire majeurs, le risque de faire un infarctus du myocarde est de 0,79 (soit une réduction de 21%) pour les hommes prenant des nutraceutiques et de 0,66 (soit une réduction de 34%) pour les femmes.

Ces résultats ne sont pas modifiés par des facteurs tels que la consommation de fruits et de légumes, l’apport de fibres alimentaires, les habitudes de tabagisme et le niveau d’activité physique. 80% des nutraceutiques sont représentés par des multivitamines. Toutefois, d’autres études seraient nécessaires pour pouvoir établir formellement une relation de cause à effet.

SU.VI.MAX, une étude intéressante pour les hommes

L’étude SU.VI.MAX a été coordonnée par Serge Hercberg.

13 017 volontaires (5 141 hommes de 45 – 60 ans et 7 886 femmes de 35 – 60 ans) ont été randomisés en deux groupes, pour recevoir pendant 7,5 ans en moyenne soit un nutraceutique (6 mg de bêta-carotène, 120 mg de vitamine C, 30 mg de vitamine E, 100 µg de selenium, 20 mg de zinc), soit un placebo. Les femmes présenteraient au départ un statut biologique (concentrations plasmatiques) nettement meilleur que les hommes en bêta-carotène et en vitamine C.

Chez les hommes du groupe placebo, un risque plus élevé de cancers et de maladies cardiovasculaires est observé chez ceux ayant les niveaux les plus bas de bêta-carotène plasmatique, celui-ci étant corrélé à la consommation de légumes et de fruits.

Chez les hommes du groupe nutraceutiques, on observe au bout de 7,5 ans une diminution de 31% du risque de cancers et une diminution de 37% du risque de décès. Il n’y a pas eu d’effet observé pour la survenue de cardiopathies ischémiques, ni d’effet observé chez les femmes.

Ceci indique que cette supplémentation en 5 micronutriments permet d’obtenir une diminution du risque de cancers et de décès chez les hommes, cette supplémentation étant sans doute d’autant plus efficace que les apports sont bas initialement.

Cette supplémentation est nutritionnelle dans la mesure où elle fournit un pourcentage des AJR atteignables nutritionnellement sauf pour la vitamine E, mais elle s’éloigne fortement des ANC excepté pour la vitamine C.

Micronutriments apportés par SU.VI.MAX

MicronutrimentsAJRANC
Bêta-carotène125%286%
Vitamine C200%109%
Vitamine E300%250%
Selenium300%167%
Zinc133%167%

Elle ne permet pas d’identifier le ou les nutriments antioxydants protecteurs, mais elle indique que c’est sans doute l’ensemble qui interagit pour obtenir ce résultat.

Ainsi les nutraceutiques sont un moyen supplémentaire de réduire le risque de cancers, en complément des conseils d’équilibre alimentaire. Ils semblent d’autant plus utiles que les apports sont insuffisants au départ.

D’autres études sont nécessaires pour montrer qu’un bénéfice peut être obtenu lorsque le risque cardiovasculaire est élevé, dans la mesure où il ne s’agissait pas dans l’étude SU.VI.MAX d’une population à haut risque.

Il faut cibler nos efforts de conseil alimentaire sur les personnes qui se nourrissent mal au départ, en sachant que ce ne sont pas ceux qui ont le plus recours aux nutraceutiques et que les individus qui prennent des nutraceutiques se préoccupent plus de leur santé et ont une alimentation plus saine que les non consommateurs.

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